MWARAMUTSE, PAYS DES MILLE COLLINES



Vue sur le lac Ruhondo


   Paris, Février 2013 

« Où pars-tu en vacances cet été ? » 



« Au Rwanda »



 Selon mon interlocuteur, j’obtenais alors deux réponses : 



«  Au Rwanda ??? Le pays du génocide de 1994 ? Mais que vas-tu y faire ? Est-ce une destination sûre désormais ? » . 


Ou alors :



« Tu y vas pour voir les gorilles ? Mais ça ne va tout de même pas te prendre deux semaines ?! »

Encore une fois, mon choix de destination de vacances n’a pas manqué d’en surprendre plus d’un, même parmi les plus curieux de mon proche entourage :)

A tort ou à raison, ce petit pays d’Afrique de l’Est, à une 10 d’heures de vol de Paris, ne se rappelle à la mémoire de la majorité qu’au travers du génocide perpétré à l’encontre des tutsis, du 7 avril 1994 (soit au lendemain du crash du falcon du président Juvénal Habyarimana) au 4 juillet 1994 (date de la prise de Kigali par les troupes du Front Patriotique Rwandais).

Oui, 100 jours d’horreur absolue où près d’un million de tutsis et de hutus modérés ont été massacrés méthodiquement (parce que considérés comme des Inyenzi (cancrelats), traîtres de surcroît) sous les yeux d’une communauté internationale qui n’a pas voulu s’immiscer dans une « guerre, présumée, ethnique ».

Les rares images qui nous ont été données à voir, en 1994, sont soit celles d’Interahamwe (miliciens extrémistes, partisans du Hutu Power à la solde du régime génocidaire, armés de machettes et de gourdins cloutés) « coupant » des hommes, femmes, enfants et vieillards, déjà à terre et sans défense, soit celles de milliers de cadavres, ensanglantés et empilés les uns sur les autres, lesquels jonchaient les rues ou flottaient à la surface des rivières.

20 ans plus tard, le pouvoir de ces images atroces semble s’être figé dans l’inconscient collectif et, pour beaucoup, le Rwanda reste et demeure, en premier lieu, le pays du génocide.

Un pays  de désolation où le temps se serait arrêté depuis 1994.

Dès lors pourquoi  parcourir autant de kilomètres pour s’y rendre en vacances et de surcroît pour deux semaines ??!!

Si, de prime abord, ce choix peut sembler étrange  pour la plupart des francophones (exception faite des belges, passé colonial du pays oblige), les anglo-saxons, eux, ne s’y sont pas trompés !

En effet, ils affluent en grand nombre dans le pays (même si c’est, essentiellement, pour aller trekker le Gorille dans le massif des Virungas au nord du Rwanda).

Et pourtant !!

Hormis les gorilles (emblèmes du Rwanda), le Pays des Mille Collines a tant d’autres beautés insoupçonnables à offrir au regard curieux des touristes !

De plus, et  tel un Phénix, il a, très vite, su renaître des cendres du génocide  et a, désormais, pour ambition de se transformer (grâce au programme de développement Vision 2020) en un Singapour africain.

Mais pour être tout à fait honnête, je ne vous cacherais pas que ce choix du Rwanda n’a pas été complètement innocent.

En effet, mon enfance a été bercée par des récits enchanteurs de proches se rendant régulièrement au Rwanda, et aussi loin que je m’en souvienne des agasékés, paniers coniques tressés typiques de l’artisanat rwandais, ont toujours trôné en bonne place dans le salon familial.

Plus tard, étant passionnée d’Histoire, je me suis  intéressée aux causes de ce dernier génocide du XX eme siècle et ai découvert, par le biais d’une amie de fac, l’association IBUKA France.

Celle-ci  contribue au souvenir  de ceux dont on a tenté d’effacer jusqu’au souvenir et lutte, par ailleurs, pour que les crimes commis par des présumés génocidaires ayant trouvé asile en France ne restent pas impunis.

Puis, plusieurs amis rwandais ont achevé de me convaincre du bien fondé de mon choix en m’assurant que je ne pourrai qu’être émerveillée par ce pays aux multiples facettes, aisément parcourable en deux semaines, eu égard à sa petite superficie.

Enfin l’accueil téléphonique chaleureux reçu à l’ambassade du Rwanda à Paris, laquelle contrairement à d’autres ambassades africaines de Paris ouvre vraiment aux horaires précisées sur son site, où il m’a été indiqué avec beaucoup de gentillesse la procédure à suivre pour obtenir mon visa d’entrée à l’aéroport de Kigali, m’a confirmée, si besoin encore était,  de la justesse de cette destination.

Une fois mon guide touristique acheté, il ne me restait donc plus qu’à établir un parcours individualisé, car j’aime explorer autant que faire se peut les pays dans lesquels je me rends, qui s’efforcerait de concilier mes envies de nature, celles de  découverte des grandes villes ainsi que la visite des principaux mémoriaux du génocide.

C’est ce parcours, réalisé à travers tout le pays,  pendant la saison sèche d’août 2013, que j’aimerais partager  à présent avec vous.

Prêts pour la découverte ?


 Quels sont, selon moi, les meilleurs endroits à visiter au Rwanda ?



                     Mes 5 villes coup de cœur: Kigali, Butare, Nyanza, Kibuye et Gisenyi

     
   Bien que le Rwanda soit essentiellement un pays  de campagnes mais aussi de collines, d’où son surnom de « Pays des 1000 collines », 5 villes sont, à mon sens, des lieux de visite incontournables.

La première impression que j’ai eue de  la capitale Kigali, entourée de plusieurs collines et située à 1500 mètres d’altitude, est celle d’une ville d’une propreté irréprochable !

Cette propreté est la résultante d’une sensibilisation, dès le plus jeune âge, de la  population à l’écologie (les sacs en plastique y sont bannis) conjuguée aux travaux hebdomadaires de l’Umuganda, ces travaux d’intérêt général auxquels doivent participer tous les derniers samedis du mois tous les rwandais.

Par ailleurs, et en dépit des nombreux bombardements qu’elle a subis et les combats acharnés qui s’y sont déroulés,  rien ne permet, aujourd’hui, à l'exception du bâtiment du CND, siège du Parlement Rwandais, d’imaginer le champ de ruines qu’à été Kigali au sortir du génocide.

En effet, elle est désormais une ville moderne, en plein chantier, avec ses  constructions multiples  de grands complexes, de nouveaux hôtels de luxe, superbes restaurants, bars et lounges et ses larges avenues ombragées. Pour autant, elle n’en oublie pas son identité africaine.

Kigali, ville également de l’ambiance avec tous ses bars et boîtes de nuits d’où s’échappent autant de musique r’n’b que de musique africaine, avec une prédilection pour la musique congolaise, l’azonto ghanéen, le coupé décalé ivoirien et le kwaito sud africain !

Kigali, ville  du souvenir où se tiennent chaque année, au mois d’avril, les commémorations officielles du génocide dont nous parlerons plus loin.

   Puis j’ai poursuivi mon voyage à Butare, la 2ème ville du pays, située à un peu plus de 100 kms de Kigali, laquelle est considérée comme étant la capitale intellectuelle et  culturelle du pays.

Si l’université nationale de la ville en a assuré la notoriété, les touristes s’y arrêtent désormais pour visiter le superbe musée national du Rwanda, à l’architecture originale  et inauguré en 1989, qui retrace de façon exhaustive l’histoire du pays depuis l’époque précoloniale.




Ce musée figure d’ailleurs sur les billets de 1000 francs rwandais.

 Pour ne rien gâcher, s’y produit régulièrement une troupe de danse qui permet de découvrir les danses de la vache et celle des Intore, danseurs-guerriers hérités de l’époque  de la royauté tutsie.



   La halte suivante fut Nyanza, située à quelques encablures de la ville de Butare, laquelle fut la capitale royale de la monarchie tutsie jusqu’à la Révolution de 1959.

J’ai été littéralement éblouie par la reconstitution et l’aménagement réussis des huttes de la résidence royale.



La visite des appartements privés du  mwami Mutara III, 1er roi à avoir embrassé la religion catholique, dans la maison annexe construite « en dur » par les autorités belges pour ce dernier, n’était pas mal non plus.



Mais à mon sens, le clou de la visite à Nyanza demeure la découverte dans l’enclos, situé derrière le palais royal, des vaches royales Inyambo, symboles ultimes de beauté.



Ces dernières, reconnaissables à leurs grandes cornes en forme de lyre, sont élevées uniquement pour leur beauté et non pas pour tirer profit de leur lait et ou de leur viande.

On peut lire tout un symbole dans la perpétuation de cet élevage au vu de la richesse qu’a toujours  représentée, pour les éleveurs tutsis, la possession des vaches.

D’ailleurs, dire à une jeune fille qu’elle a des yeux de génisse est considéré comme un compliment de grande valeur. Je vous laisse apprécier :)

Les tueurs l’avaient d’ailleurs bien compris puisque durant le génocide ils ont  non seulement massacrés les hommes mais également volé ou tué leurs vaches, dont ils faisaient des brochettes.

   Les deux dernières villes, Kibuye et Gisenyi, où j’ai posé mes valises sont situées au bord du lac Kivu qui sépare le Rwanda de la République démocratique du Congo.

Ces villes sont les lieux de villégiature préférés des Rwandais.

Beaucoup y ont d’ailleurs construit des résidences secondaires cossues, souvent ultra sécurisées.

La route qui longe le lac pour parvenir à Kibuye, depuis la forêt de Nyungwe, vaut à elle seule le détour, malgré les quelques nids de poule par endroits.









En effet le paysage qui s’offre alors aux yeux du touriste ébahi est la vision du lac kivu coincé entre montagnes et forêts !

   Située à l’ouest du pays, Kibuye,  théâtre d’importants massacres pendant le génocide, est désormais une ville paisible où l’on se rend pour se détendre au bord du lac ou pour y faire des excursions, généralement sur l’Ile Napoléon, habitée par des chauves-souris, ou celle d’Idjwi au Congo voisin.

Toutefois, l’excursion qui a retenu  mon attention, me permettait de faire le trajet Kibuye – Gisenyi sur l’eau au lieu de reprendre la route.

Bien m’en a pris car les deux heures de trajet sur l’immensité du lac Kivu ont été un véritable enchantement !





En outre, cette traversée lacustre a aussi le mérite de s’arrêter à environ 7 km  de Gisenyi  là où se trouvent les sources chaudes de Nyamyumba que des enfants s’empressent de vous faire découvrir !



Douillets s’abstenir !

   Gisenyi est, quant à elle, une station balnéaire  vivante, proche de Goma, située à la frontière de la République Démocratique du Congo, fière de ses plages de sable fin.


Mais Gisenyi est également la ville où se mêlent les commerçantes venues du Congo voisin pour y faire des emplettes en tout genre (produits maraîchers, lapins, vêtements et j’en passe) qu’elles revendront dans leur pays.


La ville où, dès l’aube, sortent des églises des chants religieux  sur fond de musique congolaise. Celle également du siège de la Bralirwa où sont brassées les fameuses bières Mutzig et Primus consommées dans tout le pays.

Rien ne permet d’imaginer que cette région du Nord Ouest du Pays a été victime des incursions des interahamwes  à partir du Congo après la fin du génocide.

Après avoir découvert ces 5 villes, il me tenait à cœur, par devoir de mémoire, de voir les lieux du génocide.


   Les Lieux de Mémoire incontournables : Gisozi et autres lieux à Kigali, Murambi, Bisesero, Nyamata & Ntarama



A mon sens, la visite de 5 grands mémoriaux permet d’avoir une vision très complète des massacres au Rwanda.

   Tout d’abord le superbe Mémorial de Gisozi, ouvert à Kigali en 2004, où se déroulent chaque année, au mois d’avril, une partie des cérémonies de commémoration.

Ce mémorial  a en premier lieu une visée pédagogique car il explique :

-         - l’histoire du pays avant puis à compter de la colonisation belge

- l’instauration, par les Belges, à partir de 1931, de la mention de l’appartenance ethnique sur les cartes d’identité. Cette appartenance étant déterminée au vu de critères physiques infondés et alors même que les twas, les  hutus et les tutsis (habitants du Rwanda) vivaient jusque-là en bonne intelligence en partageant la même langue, le Kinyarwanda, et les mêmes coutumes. Malheureusement,  cette mention sera, lors du génocide, d’une redoutable efficacité aux barrages en signant l’arrêt de mort de tous les porteurs d’une carte d’identité indiquant la mention « tutsi ».

- les différents massacres dont ont été victimes, de façon récurrente, les tutsis en 1959, 1963, 1973, 1990 et 1992. Autant de tueries, préludes au génocide de 1994, dont l’élément déclencheur fut le crash du Falcon présidentiel.

- la préparation, dès 1990, des mentalités au génocide. A ce titre, les médias ont joué un rôle important en déshumanisant progressivement les tutsis, notamment via les émissions incendiaires de la RTLM et les publications du journal extrémiste Kangura .  Par ailleurs, était publié un code de conduite, «  Les 10 commandements des bahutus »,  devant montrer aux « bons hutus », si besoin encore était, le bonne conduite à tenir, laquelle impliquait évidemment l’absence de relations, de quelques nature qu’elle soit, avec les tutsis !

- la formation et la préparation des milices Interahamwe auxquelles étaient livrées de nombreuses armes, notamment des machettes, et ce, en dépit de l’embargo sur les armes imposé alors au Rwanda.

- l’influence grandissante des membres de l’Akazu, aile dure du régime dont faisait à priori partie Madame Agathe Habyarimana, lesquels étaient vivement opposés à l’application des accords d’Arusha de 1993. Ces derniers prévoyaient un  partage du pouvoir avec le FPR.

- l’impuissance de la Minuar, personnifiée par le Général Dallaire

- le rôle  ambigu  joué par les forces françaises, en amont du génocide, dans la formation des FAR, forces armées rwandaises, puis, durant le génocide, au cours de l’Opération turquoise.

Par ailleurs, plusieurs témoignages, écrits, audios et visuels, de rescapés et de Justes, ceux qui, au péril de leur vie, ont caché des tutsis ; une salle où sont entreposés des ossements des victimes, et d’autres où sont accrochées leurs photos,  nous permettent de prendre la particulière mesure de cette horreur.




Cependant, mon émotion parvint à son comble dans la salle consacrée aux enfants.

Oui ! Le génocide a également dévoré les enfants car aucun tutsi, aussi jeune soit t’il, ne devait survivre !

Y sont affichées une dizaine de photos,  de plein pied, de quelques bébés et enfants tutsis massacrés en 1994. Une légende rappelle les activités et  les repas préférés de ces enfants ainsi que leur âge au moment de leur assassinat.

Enfin, une dernière salle permet d’explorer les ressorts d’autres génocides du 20ème  siècle à savoir notamment celui des Juifs  et des Arméniens.

A l’extérieur du mémorial, plusieurs fosses communes rassemblent les restes de dizaines de milliers de disparus de Kigali et de ses environs.



   En dehors de ce mémorial, d’autres lieux, à Kigali, sont étroitement associés à l’histoire du génocide tels que :

Hôtel des Mille Collines, lieu d’action du film éponyme, où plusieurs tutsis trouvèrent refuge dans les premiers jours du génocide





- le Stade Amahoro où des milliers de tutsis se sont réfugiés pendant les massacres. C’est d’ailleurs dans ce stade que se sont tenues les commémorations du 20ème  anniversaire du génocide en avril dernier (2014).

la Résidence du Président Habyarimana, aujourd’hui transformée en musée, située près du camp militaire de Kanombe, près de l’aéroport, où le Falcon du président s’est écrasé le 6 avril 1994 peu après 20heures alors que sa famille s’y trouvait.  On peut apercevoir, en accédant à un promontoire, l’épave de l’avion qui est tombé dans le jardin de la résidence. Il est toutefois interdit de la photographier. Si  les massacres ont officiellement débuté à Kigali le 7 avril 1994, les tutsis vivant aux abords de la résidence présidentielle ont, quant à eux, été assassinéspar des éléments de la Garde Présidentielle, dès le soir du 6 avril soit quelques heures à peine après le crash.

l’Antenne, encore visible aujourd’hui, de la RTLM. Cette radio qui, déjà plusieurs mois avant ledit crash,  multipliait les appels à la haine à l’endroit de ses auditeurs et qui n’a pas hésité, après avoir annoncé la mort du président Habyarimana  le 6 avril, à exhorter les hutus à  aller« travailler » c’est à dire à exterminer « les cancrelats ». Durant les 3 mois du génocide, elle ira même jusqu’à révéler sur les ondes le nom et l’adresse de tutsis encore vivants à retrouver  ou à encourager miliciens et population à  se rendre dans des lieux où la résistance tutsie s’était organisée, notamment à Bisesero, afin de « finir le travail » !


   A une 50 de kilomètres de Kigali se trouvent les églises de Ntarama et Nyamata, sites essentiels, à  mon sens, à visiter  dans la mesure où, pour la première fois depuis des décennies, les tueurs n’ont pas hésité à massacrer une population tutsie qui s’était réfugiée en masse dans les lieux de culte, persuadée, à tort,  que les tueurs n’oseraient pas y commettre leurs méfaits.

Peine perdue car, aujourd’hui encore,  les stigmates de l’horreur, notamment les impacts de balles, d’obus et de mortiers, restent visibles dans ces deux églises.

A Ntarama, l’église contient des ossements ;  des vêtements ensanglantés empilés les uns sur les autres ; des cercueils ainsi que des objets de la vie quotidienne( peignes, assiettes, carte d’identité portant la mention tutsi) que les victimes avaient avec elles au moment de leur mort.






Dans une salle de catéchisme, annexe du bâtiment principal, construite en briques, un mur anormalement teinté d’une grande tâche rouge, attire l’attention du visiteur.  Notre guide, l’un des rescapés de Ntarama, nous explique qu’il s’agit du sang séché des enfants tutsis qui étaient projetés sur ses parois par les tueurs jusqu’à ce que mort s’en suive.

Dans cette même salle, on peut également apercevoir un long bâton avec lequel les tueurs empalaient, après leur avoir fait subir les pires sévices, les femmes tutsies. En effet, ces dernières, objet de nombre de fantasmes de la part des tueurs, ont payé un lourd tribut lors des massacres.

Atrocement mutilées avant d’être tuées ou laissées en vie après des viols répétitifs au cours desquels elles étaient bien souvent contaminées, à dessein, par le virus du Sida.



   A l’intérieur de l’église de Nyamata, les vêtements ensanglantés des victimes jonchent les bancs jusqu’au pied de l’autel et de la statue de la Vierge Marie !




De nombreux ossements sont quant à eux entreposés dans un souterrain se trouvant  derrière l’église.

Enfin, et toujours  à l’arrière de cette dernière, se trouve la  tombe de l’héroïque religieuse italienne, Tonia Locatelli. Celle-ci  a été assassinée, en mars 1992, après qu’elle ait dénoncé  un massacre qui se préparait alors à l’encontre des tutsis  dans cette même église.


   Le Mémorial de Murambi, situé à  deux heures et demie de route de Kigali, est l’un des plus bouleversants qu’il m’ait été donnés de voir.

Si le musée explicatif rappelle de façon un peu moins exhaustive celui de Gisozi ; tout l’intérêt de Murambi réside dans ses salles de classe où sont exposés les corps de certaines des 40000 victimes, assassinées sur ce site, lesquels ont été conservés, avec un réalisme insoutenable, dans de la chaux.

Rien n’est aussi difficile que de voir un crane d’enfant fracturé ; une femme pointant du doigt son tueur ; un homme « machetté » ; les fosses où étaient jetés les corps ou encore le terrain de volley ball construit, juste au-dessus d’un charnier, par les soldats français, qui avaient fait de Murambi  le QG de l’Opération Turquoise en juin 1994.

Ce mémorial est la preuve palpable du génocide et une réponse cinglante aux négationnistes.





   Enfin le Mémorial de Bisesero, situé à environ 1 heure de route de Kibuye, est le plus difficile à trouver.

Il a été construit sur la bien nommée« colline de la Résistance » où les Abaséséros, éleveurs tutsis, avaient déjà eu, par le passé, à résister à des massacres.

C’est pourquoi , en 1994, des dizaines de milliers de tutsis, jeunes ou vieux, y ont afflué puis y ont organisé, pendant plusieurs semaines, une vaine résistance à main nues contre des tueurs armés, eux, jusqu’aux dents.

Les forces de l’Opération Turquoise ayant tardé à les secourir, ils y seront presque tous assassinés.

Ce mémorial est composé de 9 lances symbolisant les 9 communes situées aux alentours du site et dont étaient issues les victimes. Par ailleurs 9  salles étaient, en août 2013, alors en construction pour rassembler plus de documentations à ce sujet.





Enfin, en contrebas du site se trouve un entrepôt provisoire contenant des milliers d’ossements humains de victimes tuées sur la colline.

   Toutes les visites des mémoriaux que j’ai faites en dehors de Kigali l’ont toujours été avec des rescapés.

Je les ai trouvés étonnamment apaisés, ne prêchant pas la haine et n’étant animés, malgré toutes les épreuves endurées, d’aucun sentiment de vengeance.

Au contraire, dans un pays résolument tourné vers l’avenir et dont la réconciliation est désormais le leitmotiv, l'Etat encourageant les citoyens à se sentir avant tout Rwandais afin d'éviter que des dérives ethniques, semblables à celles de 1994, ne se reproduisent, les rescapés tentent de reconstruire une nouvelle vie après avoir tout perdu une première fois.

Ces derniers  m’ont indiquée que les gacacas, ces tribunaux traditionnels d’antan réinstaurés à partir de 1997 pour désengorger les prisons en  jugeant des citoyens ordinaires, et non les planificateurs, s’étant compromis lors du génocide, leur ont permis en partie de tourner peu à peu la page en accédant à l’histoire de la fin de leurs proches.

C’est une véritable leçon d’espoir et de tolérance même si au quotidien, vivre, surtout dans les collines, aux côtés de tueurs libérés après avoir purgé une partie de leur peine, est loin d’être une sinécure.



Les Parcs et Lacs : Forêt de Nyungwe, Parc National des Volcans, Lac Muhazi et le Parc National de l'Akagera

   Il ne faut pas non plus perdre de vue que le Rwanda est également un pays où Dame Nature semble s’être attardée durablement dans la mesure où le regard embrasse à chaque tournant paysages verdoyants, rivières et collines.

De plus, du fait de la prédominance de l’agriculture dans le pays: les champs de sorgho, les plantations de thé, les parcelles cultivées ainsi que les bananeraies s’étendent  à perte de vue. Sans oublier, ça et là, les troupeaux de vaches qui paissent, le cheptel d’avant le génocide ayant quasiment été reconstitué !



Le pays des Mille Collines est donc incontestablement un lieu privilégié pour quiconque aime la nature !

   A ce titre, je ne pouvais pas passer à côté de la forêt primaire de Nyungwe, située au sud-ouest du pays, non loin de la frontière Burundaise.

Cette forêt abrite une riche flore, plus d’une centaine d’espèces d’arbres et de nombreuses espèces de fleurs, de multiples cascades, ainsi qu’une faune d’exception, constituée notamment de diverses espèces d’oiseaux et de singes.




En effet, y ont élu domicile des colobes et des chimpanzés.

Ces derniers sont d’ailleurs devenus l’attraction touristique majeure de la foret.

Comme tant de touristes avant moi, j’ai également cédé à la tentation de partir en expédition pour  les y apercevoir.

Ni le coût de l’excursion ;  ni le réveil à l’aube, dans le froid, pour se rendre au lieu de départ de l’expédition ; ni la grande probabilité, selon notre guide, d’entendre les chimpanzés sans parvenir à les voir, ni enfin la difficulté à se déplacer dans la forêt n’ont réussi à entamer mon enthousiasme.

Cela n’a malheureusement été que de courte durée.

   J’avais clairement présumé de mes forces d’escalade dans une forêt où se déplacer au rythme ultra rapide des chimpanzés, s’avère en réalité très éprouvant.

Combien de fois, après les avoir entendus à quelques mètres, j’ai pensé que la rencontre avec les chimpanzés était enfin au bout du chemin mais que nenni !! Le temps pour moi de l’atteindre, ces coquins étaient déjà loin.

Me revenait alors à l’esprit les paroles du guide nous rappelant, peu avant le départ de l’expédition, que certains touristes tentaient l’expédition plusieurs jours d’affilée avant d’avoir la chance de rencontrer un groupe de chimpanzés.

A 12h30, exténuée et affamée après plus de 5 heures de marche et de grimpes, sous un soleil ardent, j’ai décidé, de guerre lasse, que je n’étais plus en état de pister des chimpanzés qui visiblement n’avaient pas envie de se montrer et décidais de rentrer à l’hôtel.

Pour la petite histoire, ce n’est qu’aux alentours de 16 heures, soit plus de 3 heures après mon départ,  que le groupe avec lequel j’avais tenté l’expédition du matin a fini par approcher quelques chimpanzés.

Je n’aurais jamais pu être capable d’une telle endurance!

Donc à mon avis, cette excursion est un must do si l'on est un randonneur aguerri et qu’on n’a pas peur de passer toute la journée à pister des chimpanzés capricieux :)

   Pour les autres, comme moi, cette ballade dans une forêt, préservée et très propre, permet, à défaut de rencontrer des chimpanzés, d’admirer des paysages magnifiques,  de voir d’autres espèces de singes à l’instar des colobes et surtout d’y vivre l’inoubliable expérience de la Canopy Walk !





Ouverte depuis seulement quelques années, cette jolie ballade à travers une partie de la forêt a pour point d’orgue la traversée d’un pont suspendu en métal, de plus de 100 mètres de long, posé  au-dessus de la canopée !







Frissons garantis !

Bien qu’étant  un peu sujette aux vertiges, j’ai tout de même pris mon courage à deux mains pour traverser, non sans fierté, ce pont.

Quelle sensation que celle de découvrir, d’en haut, les merveilles de la forêt qui s’offre à vous, outre la fierté de se dire, une fois au pied du pont, I DID IT !!

Cette canopy walk est à mon avis un must DO dans la forêt de Nyungwe !

   Ensuite ma deuxième étape nature  a été dans le nord du pays, à un peu plus d’une heure de route de Gisenyi,  au Parc National des Volcans. Il constitue la partie rwandaise protégée du massif des Virungas (ce dernier se partageant entre l’Ouganda et la République Démocratique du Congo).

On accède à ce sanctuaire des derniers gorilles de montagne, classé depuis 2002 au patrimoine naturel de l’Unesco, en passant par la ville de Ruhengeri  puis le village de Kinigi.

Chemin faisant, j’ai pu admirer les lacs de Ruhendo et Bulera et apercevoir au loin, perdus dans la brume, les sommets des monts Bisoke et Karisimbi, les plus hauts du pays, culminant  respectivement à  plus de 3500 et 4500 mètres d’altitude.

Ces derniers sont d’ailleurs mondialement connus  grâce à l’action de la primatologue  Diane Fossey , dont la vie a été adaptée à l’écran dans le film « Gorille dans la Brume », laquelle a passé plus des quinze dernières années de sa vie dans les montagnes rwandaises.

En effet, à la fin des années 70, elle y a installé un centre de recherche afin de contribuer à la protection de nos cousins les Gorilles des montagnes. C’est aussi dans ces montagnes qu’elle  a été  enterrée après avoir été assassinée, en 1985, dans des circonstances non encore élucidées. Il est d’ailleurs possible, au titre des excursions proposées, de se rendre sur sa tombe.

   Contrairement aux autres villes du pays, Ruhengeri et Kinigi voient affluer, malgré le coût très élevé du permis de visite aux gorilles, préalable nécessaire à toute expédition pour rencontrer les primates et qui est délivré quotidiennement en nombre limité, un grand nombre de touristes.

Ces derniers sont tout excités à l’idée de vivre cette « ultimate experience » qu’est la rencontre avec un animal, dont nous partageons les gènes à 97 %, et qui n’est désormais visible à l’état sauvage  en Afrique, qu’en Ouganda et au Rwanda.

La protection de ces primates en danger est si efficace au Pays des Mille Collines que près du tiers des gorilles de montagne que compte encore la planète y ont trouvé refuge !

Cette protection des gorilles revêt différentes formes car elle passe notamment par la sensibilisation de la population à la préservation des primates, l’interdiction du braconnage, la formation des pisteurs, la collecte de fonds nécessaires à la protection de l’espèce,  la mise en œuvre de projets pour les populations avoisinantes du parc, ou encore l’organisation annuelle de nomination des nouveaux bébés gorilles.

Ainsi, chaque année, depuis 2005, ces nouveaux nés sont, au cours d’une cérémonie appelée Kwita Izina, baptisés, identifiés par leur empreinte nasale, unique, équivalente à nos empreintes digitales humaines et adoptés par des parrains qui pourront suivre leur évolution.

A l’instar de l’expédition pour les chimpanzés à Nyungwe, le départ pour celle des gorilles  a également lieu à l’aube.

   Le lieu de rendez-vous est fixé au centre de Kinigi d’où l’on aperçoit, par temps clair,  les 5 sommets du Parc, dont les plus connus restent notamment les monts Sabyinyo, Bisoke et Karisimbi.




Les touristes y sont alors répartis par groupe, en fonction de leurs capacités physiques et du groupe de gorilles qu’ils désirent observer.

En effet, une dizaine de groupes de gorilles, au nombre d’individus variables, sont observables.

Le plus grand, le Groupe Susa, comprend plus d’une trentaine de primates  dont plusieurs dos argentés, femelles et gorillons,  et stationne autour du Mont Karisimbi, donc à plus de 4500 m d’altitude !

 L’atteindre nécessite  donc d’être en bonne condition physique pour affronter  la marche, d’au moins 3 heures, sur des sentiers escarpés qui mène à sa rencontre!

Comme vous l’avez compris, ayant bien retenu la leçon de ma précédente expédition à Nyungwe, j’ai pris la sage décision d’opter pour un groupe se trouvant à seulement une heure de marche.

   C’est ainsi que le guide nous a annoncé, à mes 3 compagnons qui visiblement n’étaient pas prêt non plus à risquer un infarctus sur le chemin et moi, que nous irions voir le groupe nommé Uganda.

Puis il nous a indiqués quelques précautions d’usage à observer lorsque nous serions en présence des gorilles à savoir ne pas tourner le dos au dos argenté, mal dominant du groupe, ni s’approcher trop près d’une guenon avec ses petits, d’une façon générale respecter une distance de sécurité d’au moins 5 mètres avec eux, ne pas manger ou boire en leur présence, ni tenter de les nourrir ; toujours parler à voix basse et surtout LA RÈGLE n°1 : ne jamais soutenir le regard du dos argenté ni pointer un doigt dans sa direction. Cela pouvant être perçu par lui comme un signe d’agression ! La meilleure parade étant d’adopter une attitude de soumission en s’accroupissant et en lui cédant le passage.

Nous nous sommes ensuite mis en route, précédés par des pisteurs et des hommes armés. Prudence est mère de sûreté face aux éventuels braconniers.




   Après une heure de marche à travers des champs de pyrèthres, insecticide naturel, des plantations de légumes, des montées escarpées, des ronces acérées, nous nous sommes retrouvés dans une petite clairière où nous entendions  les gorilles de plus en plus fort.




Nos guides ont alors commencé à émettre des petits grognements à l’endroit des primates,  afin de leur indiquer que nous ne leur voulions aucun mal.

   Soudain, à 10 mètres de moi a surgi de nulle part un gorillon. Il s’est arrêté près de moi et m’a fixée pendant quelques minutes.

Cette première rencontre m’a littéralement sciée et je n’ai pas pu m’empêcher de le fixer, incapable que j’étais de bouger ou de le prendre en photos.

Puis, il a brusquement dévalé la pente pour rejoindre d’autres petits qui jouaient plus bas !

Première claque émotionnelle !!

Derrière le guide nous avons continué à descendre la pente pour enfin découvrir, cachés au pied de deux arbres, deux guenons et plusieurs petits qui se délectaient de feuilles, se balançaient de branches en branches ou s’épouillaient !





Quel spectacle phénoménal que celui-là ! Puis réaliser toute la mesure de notre lien de parenté avec eux en voyant leurs paumes, leurs doigts, si semblables aux nôtres !



   Soudain, un grognement est venu interrompre ce paisible spectacle.

Un silverback, dos argenté,  mâle pouvant atteindre les 200 kilos, s’est rapproché, comme pour nous signifier qu’ils nous avaient à l’œil.

J’ai été impressionnée par la stature imposante de ce colosse et son air renfrogné mais il s’est, très vite, assis sous un arbre pour entamer son petit déjeuner, fait de feuilles,  sans plus du tout se soucier de nous.





Chose impensable, et sans même nous en rendre compte, nous nous sommes tous rapprochés pour n’être plus qu’à un mètre de lui, notre curiosité ayant été la plus forte.
Là encore il n’a pas paru gêné de cette promiscuité et a continué à se délecter de ses feuilles.


Quel spectacle !!....

Par souci de sécurité la visite auprès des gorilles ne dure qu’une heure mais cette heure d’observation est passée à une vitesse éclair !!!

C’est donc avec beaucoup de regrets, mais des souvenirs plein la tête ainsi que porteuse de mon certificat de visite aux gorilles, que j’ai dû redescendre à Kinigi.

   La troisième halte estampillée nature s’est faite, en redescendant vers  Kigali, au lac Muhazi, situé à environ une heure de route de la capitale.

Une halte très reposante  au Jambo Beach, petit restaurant situé sur la rive du lac, m’a permis d’ apprécier la quiétude des lieux où d’ailleurs le président Kagamé possède une résidence secondaire.





   Enfin l’ultime étape consacrée au parcours nature fut  au parc de l’Akagera, à environ 120 kms à l’est de Kigali, tout proche de la frontière tanzanienne.

Les touristes en quête de safari se rendent au parc de l’Akagéra où l’on peut effectivement voir notamment des éléphants, dont le célèbre mâle solitaire  Mutware qui  a terrorisé par le passé plusieurs touristes, des babouins, des  girafes, des hippopotames, des gazelles, et plusieurs espèces d’oiseaux.






Cependant, aucunes traces de fauves !

Selon le guide, fuyant les braconniers lors du génocide, ceux ci seraient passés en Tanzanie voisine.

Pour ma part, le safari à l’Akagera a tout son charme si l’on n’est pas à la recherche de ces derniers.

A défaut, il faut plutôt privilégier les parcs tanzaniens.

MISE A JOUR AU 30.06.15 !

Mais ça c'était avant !

Car depuis aujourd’hui (30.06.15), 7 lions, venus d'Afrique du Sud, vont être réintroduits dans le Parc, qui a, depuis bientôt deux ans, été entouré d'une clôture électrique (afin de protéger les habitants demeurant à proximité des bêtes sauvages).

Une raison de plus pour visiter l'Akagera et contribuer à l'essor touristique du Pays des 1000 Collines :)

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   Si je n’ai pas été emportée par le safari terrestre que j’y ai fait, j’ai en revanche eu un énorme coup de cœur pour la croisière qu’il est possible de faire en petit bateau sur le lac Ihéma qui traverse le parc.

Oui oui vous avez bien lu !

Une magnifique ballade d’une heure à faire idéalement en fin d’après-midi afin de pouvoir admirer le coucher du soleil en étant « à bord ». Priceless !!






Grâce à ce safari « on the water », j’ai pu admirer toute la flore du lac, notamment de jolis papyrus, mais également une faune non moins négligeable : plusieurs rapaces, nombreux hippopotames et crocodiles et des buffles repérés sur la berge grâce aux yeux de lynx de notre guide.






   Enfin, ce petit tour en bateau nous a également permis de voir, sous un autre angle, le magnifique ponton en bois, avançant sur le lac, du joli hôtel Ruzizi Tented Lodge, dont je vous parlerais plus loin.


J’espère que cette vision exhaustive du parcours que j’ai réalisé, l’été dernier, au Rwanda vous aura donné envie de partir à la découverte de ce beau pays, quitte à vous concoctez un itinéraire différent.

Ma sélection des meilleurs  endroits  où dormir et se restaurer au Pays des Mille Collines

Si les grandes villes et plus particulièrement Kigali, offrent plus aisément une grande diversité d’hébergements, pour toutes les bourses, ainsi que des lieux de restauration, variés en terme de cuisine, il n’en demeure pas moins qu’il existe quelques bijoux à l’intérieur du pays.

Vous trouverez ci-dessous quelques-uns de ceux qui m’ont laissé un souvenir ému.



Le best of de Kigali:

   L’incontournable Hôtel des Mille Collines n’est pas un mythe. S’il est aujourd’hui dépassé, en terme de confort, notamment par le Serena ou les hôtels de la Chaine Gorillas, il demeure un hôtel où l’on se sent bien.




C’est  donc avec beaucoup d’émotion que j’ai pénétré dans cet hôtel, représenté dans le film Hôtel Rwanda, où tant de tutsis ont eu la vie sauve durant le génocide après y avoir trouvé refuge.

   Episode moins connu mais qui vaut la peine d’être cité, celui du capitaine sénégalais Mbaye Diagne, un des deux soldats de la Minuar basés aux Mille Collines, qui a contribué au sauvetage de  centaines de persécutés, avant d’être finalement tué fin mai 1994 par un éclat d’obus.

Il a notamment sauvé les enfants de la 1ere ministre hutue modérée, Agathe Uwilingiyimana,  assassinée,  dès le 7 avril 1994, avec les 10 soldats belges qui assuraient sa sécurité par des éléments de la garde présidentielle, car elle était favorable à l’application des accords d’Arusha 1993.

   La piscine de l’hôtel et le bar y attenant sont très agréables. On revoit bien la description qui en a été faite dans le livre «  Un Dimanche à la piscine de Kigali » de Gil Courtemanche.

Deux fois par semaine, il en était ainsi lors de mon passage à Kigali début août 2013, sont organisées des happy hours aux accents jazzy où les kigaliens se rencontrent autour d’une primus.

   La cuisine des Mille Colline est bonne avec une mention toute particulière, parait t’il,  pour les brochettes de poulet, que je n’ai malheureusement pas eu la chance de gouter.

C’est sans doute la rançon du succès !

   S’agissant des restaurants, une mention spéciale pour les buffets du déjeuner de Chez John, une institution à Kigali, pour qui veut découvrir la gastronomie rwandaise.



Pour une somme modique, l’équivalent de 5 euros, il est possible de déjeuner à volonté et de découvrir quelques spécialités locales telles que les samoussas, emprunts à la gastronomie asiatique,  l’igisafuriya, un plat à base de poulet et de bananes plantains, les brochettes de chèvre grillée, les délicieux sambazas , petits poissons frits du lac kivu, du manioc  ainsi que des délicieuses frites de patate douce ou de pomme de terre, héritage colonial belge oblige,  les mizuzu, bananes plantains mures frites  connues sous le nom d’alloco en Afrique de l’ouest ainsi que de delicieux fruits tropicaux pour finir le repas sur une note sucrée.

J’ai même été étonné d’y rencontrer Christophe Hondelatte !

   Chez Robert, un autre joli restaurant avec ses fontaines, est également une autre institution située juste en face des Mille Collines, dont le déjeuner vous laissera un souvenir ému !



   Grace à un ami, j’ai pu aussi découvrir un charmant hôtel/restaurant, le Sélect, lové dans le joli écrin de verdure d’une maison individuelle située sur les hauteurs de Kigali. On y sert une très bonne cuisine occidentale à dominante française.

   Pour le goûter, le Shokola Lite café, dans le même bâtiment que la très belle librairie Ikirezi, est un petit havre de paix. Mention spéciale pour sa bibliothèque avec des livres  recouverts de wax !




Le bijou de Nyungwe :

   Nyungwe Forest Lodge ! 

C’est l’hôtel dont tous mes amis m’ont parlée. A les entendre il s’agissait d’un véritable petit bijou caché dans des plantations de thé situées près de la forêt de Nyungwe.








Si le site web de l’hôtel m’a tout de suite transportée, la réalité à l’arrivée sur les lieux, en fin de journée et alors que la nuit tombait sur les plantations de thé, a dépassé TOUTES mes espérances.

   L’emplacement de l’hôtel est idyllique, les parties communes sont décorées avec beaucoup de gout, alliant décorations modernes et occidentales à des décorations plus artisanales et locales, notamment les tableaux imigongo.




Une terrasse ouverte sur les champs de thé permet de se restaurer de jour comme de nuit.

   De même on ne saurait rêver plus belle piscine que celle à débordement, ouverte sur la forêt.



   Les chambres, intégrées dans des maisons individuelles, sont quant à elles un véritable cocon, décorées toujours avec beaucoup de gout, d’où l’on a du mal à s’extirper, tant y règnent luxe, calme et volupté.

Je suis pour ainsi dire tombée en pâmoison devant la très grande et jolie salle de bain, le lit si moelleux,  qu’il est une invitation criante au sommeil,  ainsi que devant la terrasse en bois privative qui permet de profiter du panorama offert par les champs de thé et les singes espiègles jouant dans les arbres.

   De surcroît, et pour ne rien gâcher le chef cuisinier du Nyungwe Forest Lodge prépare une délicieuse cuisine qui ravira même les papilles plus exigeantes !

Voila un autre bijou rwandais que l’on ne peut pas imaginer dénicher dans cette forêt mais qu’on quitte difficilement, une fois découvert. 



La désormais paisible Kibuye:

   Après une route très dégradée qui m’a parue sans fin, je suis arrivée au Cormoran Lodge, un joli hôtel constitué de chalets  en bois avec des petites terrasses privatives faisant face au lac Kivu.





Tout l’hôtel a été construit en bois et avec des matériaux locaux.

   La terrasse panoramique du restaurant permet de prendre un repas tout en ayant une vue magnifique sur le lac où passent des pirogues de pêcheurs.

Il est également possible de se prélasser sur des chaises longues près du ponton où peuvent accoster des petits bateaux. Les enfants seront ravis de découvrir la petite aire de jeux aménagée  spécialement pour eux sur la petite plage de l’hôtel.

   Enfin, le Cormoran Lodge offre la possibilité de faire du kayak ou alors de profiter d’excursions en bateau vers des iles situées sur le lac Kivu.

En somme, un endroit en théorie totalement idyllique !

   Sauf que, si j’ai tout de suite été émerveillée par le charme des lieux et les jolis chalets en bois, j’ai été quelque peu déçue par l’accueil qui m’a été réservée.

La propriétaire n’étant pas là, les employés, que ce soit au moment du check in ou du check out ou alors au restaurant, ne semblaient pas pressés d’accueillir les clients et manifestaient presqu’ une totale indifférence à leur égard.

C’est vraiment dommage car l’hôtel, qui jouit d’un emplacement géographique inouï,  est vraiment magnifique.


 La paradisiaque Gisenyi:

   Grace à une amie rwandaise, j’ai abandonné l’idée de loger au Serena de Ginseyi pour plutôt prendre mes quartiers au Paradis Malahide.



   Et j’ai eu raison car j’ai été conquise, dès les premières minutes, par ce lieu si beau et si paisible.




Mon arrivée au bien nommé Paradis Malahide s’est faite en bateau puisque l’hôtel était le terminus de mon escapade depuis Kibuye dont je vous ai parlé plus haut.

Le débarquement a d’ailleurs eu lieu en fin de matinée sur la petite plage, jouxtant les chambres aménagées dans des paillotes disséminées dans la végétation, où se prélassaient déjà quelques clients.

Les bungalows, construits à partir de matériaux locaux, d’un confort sans chichis, sont très sympas.

Seul petit bémol, la literie, de certains d’entre eux,  qui peut devenir un véritable cauchemar nocturne !

Cependant, ces petites tracasseries s’oublient dès le réveil !

En effet, quel plaisir de pouvoir petit déjeuner dans des couverts tout en bois, sur une table au bord du lac ; de pouvoir se régaler au dîner de sambazas ou d’excellentes brochettes de poissons, blottis sous des couvertures autour du boma !

Et que dire de l’accueil efficace et souriant des membres du personnel !!

   Enfin, l’on peut soit profiter du charme de la baignade sur la plage privée de l’hôtel ou louer la petite embarcation de ce dernier pour naviguer dans les environs.

Pour ma part, je me suis contentée de profiter de la plage et des jardins entourant l’hôtel.

  Le Paradis Malahide est définitivement l’adresse de charme à ne pas manquer pour quiconque cherche un hébergement original et à taille humaine à Gisenyi.

J’ai également eu l’occasion de me rendre au Serena de Gisenyi. Malgré sa jolie piscine, sa petite plage aménagée et ses délicieux sambazas, il m’a semblée plus impersonnel.


Toutefois sa boutique de souvenirs,  bien achalandée, regorge de superbes pièces d’artisanat que vous ne retrouverez sur aucuns étals de marchés! Ça vaut donc le coup d’y casser sa tirelire ! 



En mode safari au Parc de l'Akagera:

   Lors de ma visite dans ce parc, deux options d’hébergement étaient possibles : l’Akagera Game Lodge, longtemps le seul hôtel du parc mais dont les infrastructures sont désormais considérées par beaucoup comme étant vieillottes, et le tout nouveau et intime Ruzizi Tented Lodge.

J’ai opté pour ce dernier avec beaucoup d’enthousiasme ! Là encore je n’ai pas du tout regretté mon choix, tant le site est majestueux !

  Je vous plante le décor: 7 tentes, auxquelles on accède par des passerelles en bois, aménagées sur des plateformes en dur sur les rives du lac Ihema ;  magnifique ponton en bois donnant sur le lac où prendre le petit déjeuner, juste avant le lever du soleil,  l’apéro, au moment où le soleil se couche, ou le dîner autour d’un boma est un plaisir des yeux inouï, possibilité également de dîner, de façon conviviale avec les autres clients, pour la plupart anglophone, dans une salle ouverte aux 4 vents ; safari nocturne également proposé.

Le clou du spectacle demeurent les tentes-chambres d’un grand confort,  toutes face au lac,  et qui, cerise sur le gâteau, disposent d’un petit coin terrasse.




   C’est un plaisir indescriptible que d’entendre dans la nuit, alors que l’on est soit-même lové sous ses couvertures, les croassements des grenouilles, le bruit des hippopotames qui sortent de l’eau et des singes qui s’amusent.

Encore une fois, j’espère que ces quelques hôtels insolites achèveront de vous convaincre de vous envoler au plus vite vers le Pays des Mille Collines.

Que ramener du Rwanda ?

En ce qui me concerne j’aime bien rapporter de mes voyages des magnets ainsi que des souvenirs représentatifs du pays.

Au Rwanda, je n’ai pas trouvé de magnets à mon goût mais j’ai néanmoins pu dénicher d’autres superbes souvenirs à rapporter.



L'incontournable vannerie et notamment les Agaseke:

   Mon premier choix s’est porté sur les agaseké, ces paniers cylindriques coiffés d’un couvercle conique en fibres tressé. Vous en trouverez partout et de toutes les couleurs car il s’agit d’une pièce d’artisanat utilisée dans la vie quotidienne : à titre décoratif ou à titre de rangement.



Différents tissus : wax, khanga et tie & dye notamment:

   Plusieurs étoffes colorées sont vendues sur les étals des différents marchés du pays. Ainsi à coté du wax, tissu en coton coloré que l’on retrouve également dans toute l’Afrique de l’ouest ;  se trouvent le khanga, tissu typique de l’Afrique de l’est et notamment de la Tanzanie, assez coloré et comportant le plus souvent des messages sous formes de proverbes, et enfin de magnifiques tie and dye, des pièces de coton teintées selon une méthode ancienne et qui offrent de superbes dégradés de couleurs.



Les originales peintures Imigongo:

   Il s’agit de peintures, aux motifs géométriques, réalisées avec de la bouse de vache séchée. Ces peintures orneront avec beaucoup d’originalité tous les intérieurs.





Des accessoires de la marque rwandaise INZUKI:

   Par le biais d’une amie j’ai pu découvrir, quelques mois avant de m’envoler pour le Rwanda, la marque, Inzuki, crée par une jeune entrepreneure  du nom de Téta Izibo.

J’ai aussitôt eu un coup de cœur pour cette marque qui propose beaucoup d’accessoires (colliers, sacs, boucles d’oreilles), très colorés et fait selon des techniques traditionnelles.

   La jolie boutique INZUKI se situe, en plein centre ville de Kigali, sur le boulevard de la Révolution.


   Pour aller plus loin  sur le Génocide:

Pour ceux qui aimeraient en savoir  davantage sur cette tragédie qu’a été le génocide,  voici une petite liste, non exhaustive :

  Des Films :

   Tout le monde pense d’emblée au film Hôtel Rwanda, dont l’action est censée se dérouler à l’Hôtel des Mille Collines à Kigali. En réalité, ce dernier a été tourné, en Afrique du Sud.

Même si ce film est plutôt bien réalisé, il ne rend pas assez compte, à mon goût, de la tension et des enjeux qui ont existé pendant le génocide.

Je vous conseille donc  les films Shooting Dogs et Sometimes in April.

Des Livres :

   Il peut parfois sembler difficile de se retrouver dans les nombreux ouvrages, relatifs au génocide,  qui sont parus depuis 1994.

Néanmoins je vous conseille ceux-là que j’ai lus et qui me semble plutôt bien documentés :

- « Un dimanche à la piscine à Kigali » de Gil Courtemanche

-       « Récit des marais rwandais » de Jean Hatzeld qui comprend la trilogie « Dans le nu de la vie » (consacré aux rescapés), « Une saison des machettes « (consacrée aux tueurs) et « la Stratégie des Antilopes » (consacrée à la cohabitation entre les premiers et les seconds après la libération de ces derniers de prison)

-        « Murambi, le livre des ossements » de Babacar Diop

-        « Tu leur diras que tu es hutue » de Pauline Kayitare

-       « Sur la piste des tueurs rwandais » de Maria Malagardis consacré à la lutte menée par les époux GAUTHIER afin que les crimes commis par des  présumés génocidaires aujourd’hui en exil en Europe et notamment en France ne demeurent pas impunis. C’est d’ailleurs leur plainte qui a permis l’arrestation du capitaine Pascal Simbikangwa  puis la condamnation historique de ce dernier, en mars 2014, par la Cour d’Assises de Paris pour crime de génocide et complicité de crimes contre l’humanité.

-       « Notre Dame du Nil » de Scholastique Mukasonga, primé d’ailleurs par le prix Renaudot  2012.


-     - "Rwanda, les médias du génocide " de Jean Pierre Chrétien" qui rend compte du rôle des médias dans la préparation du génocide puis au cours de son exécution

-



Une Exposition actuellement en cours au Memorial de la Shoah à Paris:

   Enfin, et dans le cadre de la 20ème  commémoration du génocide rwandais, une exposition se tient actuellement, et ce jusqu’au mois d’octobre 2014, au Mémorial de la Shoah à Paris.

   Elle retrace avec beaucoup d’exactitude la planification de ce massacre et permet de voir des objets et textes (objets appartenant à des victimes, texte des 10 commandements des bahutus) outre d’entendre des discours (discours notamment à l’antenne de la RTLM) que j’ai pu voir et entendre lorsque je visitais les mémoriaux de Gisozi ainsi que les églises de Nyamata et Ntarama l’été dernier.

   Par ailleurs un cycle de conférence, désormais clos, m’a permis d’en apprendre encore plus lors de projections de films ou de conférence très riches en émotions avec des rescapés tels que Claver Kayitare ou Yvonne Mutimura Galinier.

     Et si le cœur vous en dit, vous pouvez également partager avec moi vos impressions, émotions et pourquoi pas interrogations après lecture de cet article. 

Si si n'ayez pas peur :)

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Alors à vos plumes !

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LE PIGEON VOYAGEUR

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